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"Vous êtes formidables" : la technique surprenante qui a transformé mon trac en kif

Dernière mise à jour : 6 juin

prise de parole en public

En 2007, (dans une autre vie !) j'étais encore une personne anxieuse et qui manquait de confiance en soi mais, étant musicien, je devais monter souvent sur scène et, cette fois-ci, devant plusieurs centaines de personnes ! 😱😱😱


Mon cœur qui bat si fort que je suis sûr que le premier rang peut l'entendre.


Mes mains tremblent. Ma gorge se serre. Mon cerveau ? Parti en vacances sans prévenir.


C'est là qu'un ami me glisse à l'oreille : "Quand tu montes, répète-toi : Vous êtes merveilleux. Vous êtes formidables. Vous êtes magiques."


J'ai failli éclater de rire. Sérieusement ? C'était ça, son conseil miracle ?


Sauf que... ça a marché. Pas comme je l'imaginais. Pas du tout.



Le piège de la pensée positive (et pourquoi ça empire souvent les choses)

Vous connaissez le refrain : "Pense positif et tout ira bien !" "Répète-toi que tu es confiant !" "Visualise ta réussite !"

Sauf que voilà : la science nous dit le contraire.


Une étude de Wood et al. (2009) a découvert quelque chose de troublant. Quand des personnes anxieuses se répètent des affirmations positives qu'elles ne croient pas vraiment, leur mal-être... augmente.


Pourquoi ? Parce que votre cerveau n'est pas idiot.


Quand vous vous dites "Je suis super confiant" alors que vous tremblez comme une feuille, il y a un décalage. Les psychologues appellent ça la dissonance cognitive. En gros : votre cerveau détecte le mensonge et panique encore plus.


C'est comme essayer de convaincre quelqu'un que vous n'avez pas peur en criant "JE N'AI PAS PEUR !" Pas très convaincant, n'est-ce pas ?



Ce qui s'est vraiment passé sur scène ce jour-là

Quand j'ai commencé à répéter "Vous êtes merveilleux", quelque chose d'étrange s'est produit.


Mon attention s'est déplacée. Au lieu de scanner mes symptômes de stress (cœur qui bat, mains moites, voix qui tremble), je regardais le public.


Au lieu de me demander "Est-ce que je vais me planter ?", je pensais "Ces gens sont venus m'écouter. Ils sont formidables."


Le changement a été immédiat :

  • Ma respiration s'est approfondie

  • Mes épaules se sont relâchées

  • Mon esprit s'est éclairci


Sans le savoir, je venais de tomber sur un principe fondamental de la psychologie moderne.



La science derrière ce "miracle"

Clark & Wells (1995) ont identifié le mécanisme central de l'anxiété sociale : l'auto-focalisation.


En clair ? Plus vous surveillez vos signes de stress, plus vous stressez. C'est un cercle vicieux parfait.


Imaginez : vous montez sur scène et vous commencez à scanner :

  • "Mon cœur bat trop vite"

  • "Ma voix tremble"

  • "Ils voient que j'ai peur"

  • "Je vais me ridiculiser"


Votre amygdale (le centre de la peur dans votre cerveau) s'emballe. Elle crie "DANGER !" Et plus elle crie, plus vous scannez. Plus vous scannez, plus elle crie.


Mais quand vous portez votre attention sur l'extérieur ? Le cercle se brise.


Les neurosciences montrent que se concentrer sur l'environnement ou les autres désactive progressivement l'alarme. Votre système nerveux comprend : "Si j'ai le temps d'observer autour de moi, c'est qu'il n'y a pas de danger immédiat."



Pourquoi "Vous êtes merveilleux" et pas "Je suis génial" ?

C'est là que ça devient vraiment intéressant.


Quand vous pensez "Vous êtes formidables" en regardant votre audience, plusieurs choses se passent :

1. Vous sortez de votre tête Au lieu du monologue anxieux habituel, vous créez une connexion. Même symbolique, même silencieuse.


2. Vous activez les circuits de la bienveillance Les recherches de Longe et al. (2010) montrent que l'expression de gratitude ou d'appréciation active les zones du cerveau liées à la sécurité émotionnelle. Votre système nerveux se calme naturellement.


3. Vous changez de posture mentale Vous passez de "Je dois performer" à "Je veux partager". De la peur du jugement au désir de connexion. C'est un changement de paradigme complet.


4. Vous créez une intention positive réaliste Contrairement à "Je suis le meilleur" (que votre cerveau peut rejeter), "Ils sont intéressants" est crédible. Votre cerveau l'accepte. Pas de dissonance.



Le paradoxe : moins vous pensez à vous, mieux vous performez

C'est contre-intuitif, je sais. On nous dit toujours de "croire en nous", de "booster notre confiance".


Mais les meilleurs orateurs, musiciens, sportifs le savent : la performance vient quand on oublie qu'on performe.

Fredrickson (2004) a montré que l'expression sincère d'appréciation :

  • Augmente l'estime de soi (sans forcer)

  • Diminue la rumination mentale

  • Améliore la régulation émotionnelle


En d'autres termes ? En pensant du bien des autres, vous vous sentez mieux vous-même. Sans avoir besoin de vous en convaincre.



Comment utiliser cette technique aujourd'hui

Vous n'êtes pas musicien ? Pas de problème. Cette approche fonctionne dans toutes les situations stressantes :


Avant une présentation

Au lieu de : "Je vais assurer" Essayez : "Ces gens méritent d'entendre ce que j'ai à partager"


Avant un entretien

Au lieu de : "Je dois les impressionner" Essayez : "Je suis curieux de découvrir ces personnes"


Avant une conversation difficile

Au lieu de : "Ça va mal se passer" Essayez : "Cette personne a ses raisons, je vais l'écouter"


Le protocole simple :

  1. Portez votre attention sur les personnes présentes

  2. Trouvez une phrase qui vous connecte à eux

  3. Répétez-la mentalement en les regardant

  4. Observez ce qui change dans votre corps



Ce n'est pas de la magie, c'est de la neurobiologie

Cette technique fonctionne parce qu'elle respecte le fonctionnement de votre cerveau :

  • Elle détourne l'attention de vos symptômes

  • Elle active les circuits sociaux apaisants

  • Elle crée une intention relationnelle

  • Elle court-circuite la boucle anxieuse


Pas besoin d'y croire. Pas besoin de forcer. Juste rediriger l'attention.



La leçon qui a changé ma vie

Ce jour-là, j'ai compris quelque chose de fondamental : l'anxiété n'est pas un problème de confiance en soi. C'est un problème d'attention mal dirigée.


Aujourd'hui, même si je monte rarement sur scène avec une guitare, j'utilise toujours cette approche. Pas comme un mantra magique. Comme un rappel simple :


La connexion dissout la peur. L'attention aux autres libère de l'obsession de soi.


Et si on arrêtait d'essayer d'être extraordinaires ?

La prochaine fois que l'anxiété monte, ne cherchez pas à vous convaincre que vous êtes génial.


Cherchez plutôt à voir ce qu'il y a de génial chez les autres.


C'est dans ce déplacement d'attention que se cache votre liberté.


Après tout, n'est-ce pas merveilleux de réaliser qu'on n'a pas besoin d'être parfait pour être présent ?

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