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Quand votre esprit tourne en boucle : comprendre (et apaiser) les pensées envahissantes

Dernière mise à jour : 30 juin

Pensées, ruminations et émotions

Vous êtes là, assis sur votre canapé, dans votre lit, ou même en train de marcher. Et pourtant… votre esprit, lui, est à mille lieues.


Il repasse en boucle une scène gênante. Il imagine un scénario catastrophe digne d’un film noir. Il saute d’une idée à l’autre, comme une télé sans télécommande.


Résultat ? Fatigue. Tension. Une boule au ventre.



🤔 Le paradoxe : plus on pense, moins on va bien

Ça paraît étrange, non ? On a appris à l’école que “penser, c’est bien”. Mais trop penser — surtout quand ça part en roue libre — ça peut nous épuiser.


C’est exactement ce que confirment les études : un excès d’activité mentale non dirigée peut miner notre équilibre émotionnel.


🔬 Par exemple, l’équipe de Killingsworth & Gilbert (2010) a montré que plus l’esprit vagabonde, moins on se sent heureux — même quand on rêve à des choses agréables !



🧩 Trois types de pensées qui nous embrouillent


1️⃣ Les ruminations

Ces pensées qui tournent, tournent, sans fin. Souvent accrochées au passé :

“Pourquoi j’ai dit ça ?”“J’aurais dû faire autrement…”

Elles réactivent la culpabilité, la tristesse, la honte. Et elles nous gardent bloqués.


🧠 Susan Nolen-Hoeksema (1991) a montré que ce type de pensée alimente la dépression et l’anxiété.



2️⃣ Le vagabondage mental (mind-wandering)

Vous êtes en train de faire la vaisselle… et soudain votre esprit se téléporte ailleurs.Un souvenir, une peur, une idée, une image — sans lien apparent.


Ça grignote votre attention, vous disperse, vous fatigue. Et ça peut même baisser vos performances ou votre motivation.


🧠 Des études de neuroimagerie (Smallwood & Schooler, 2006) ont montré que ce vagabondage active le fameux réseau par défaut du cerveau, très utile pour réfléchir sur soi…… mais aussi relié à l’anxiété, quand il s’emballe.



3️⃣ Les pensées automatiques dysfonctionnelles

Elles sont rapides, brèves, parfois tellement ancrées qu’on ne s’en rend même pas compte. Souvent héritées de nos expériences passées.

“Je ne suis pas à la hauteur.”“Les gens vont me juger.”“Je vais forcément échouer.”

Ces phrases, minuscules, activent immédiatement une émotion : anxiété, honte, colère, tristesse… Et ça fait mal.


🧠 Aaron Beck (1979) a montré que ces pensées sont un mécanisme central dans les troubles anxieux et dépressifs.



🧠 À retenir : ce sont vos pensées qui fabriquent vos émotions

Pas directement les faits.Mais ce que vous pensez de ces faits.


Prenons un exemple :

  • Votre collègue ne vous dit pas bonjour.

  • Vous vous dites : “Il m’ignore, je ne compte pas.”

  • Émotion : rejet, tristesse.


Si vous changez la pensée :

“Il est peut-être absorbé, ça n’a rien à voir avec moi”→ vous ressentirez autre chose : peut-être de la neutralité, ou même de la compassion.

🧪 En psychologie cognitive, on appelle ça le modèle ABC : A = l’événement B = la pensée C = l’émotion qui en découle



🎯 Des outils concrets (validés par la science)

OK. Vous avez compris la mécanique. Maintenant, comment on agit ?


Voici 5 outils qui peuvent vraiment aider.



1️⃣ Nommer pour désamorcer

Quand vous remarquez une pensée qui vous embarque vers l’anxiété, arrêtez-vous une seconde.

Dites-lui simplement :

“Ok, c’est une pensée.”ou“Je suis en train de ruminer.”

Ça peut sembler trop simple. Mais le simple fait de nommer crée un espace.Et dans cet espace, vous êtes un peu moins prisonnier.


📘 Lieberman et al. (2007) ont montré par imagerie cérébrale que nommer une pensée réduit son impact émotionnel.



2️⃣ Le carnet des pensées

Un grand classique des TCC (thérapies cognitives). C’est un peu votre tableau de bord.


Quand une émotion vous submerge, notez :

Fait

Pensée automatique

Émotion

Pensée alternative

Mon chef a levé les yeux au ciel

“Il me déteste”

peur, colère

“Il est peut-être stressé”

Ça oblige le cerveau à ralentir, à nuancer, à voir d’autres possibilités. C’est comme muscler sa souplesse mentale.


📘 Beck (1995) rappelait que la restructuration cognitive est un des piliers pour réduire anxiété et dépression.



3️⃣ Revenir dans le corps

Quand la tête turbine, le corps peut devenir votre ancre.


➡️ Marchez lentement, ressentez vos appuis.

➡️ Faites une pause respiration (inspire 5 sec, expire 5 sec, 5 minutes)

➡️ Bougez, étirez-vous, ressentez vos mains, vos pieds.


Ces petits gestes calment l’amygdale, le centre d’alerte du cerveau. Et vous rappellent : “Je suis en sécurité ici, maintenant.”


📘 La cohérence cardiaque (Thayer & Lane, 2000) a montré de vrais effets sur l’équilibre du système nerveux.



4️⃣ Explorer la croyance cachée

Derrière une pensée automatique se cache souvent une croyance plus profonde.

Par exemple :

“Je n’y arriverai pas.”peut cacher :“Je ne vaux rien si je n’excelle pas.”

Posez-vous la question :

“Si cette pensée était vraie, qu’est-ce que ça dirait de moi ?”

C’est inconfortable, mais ça vous montre la racine. Et c’est là que vous pourrez commencer à la transformer.


📘 Young et al. (2003) expliquent que travailler sur ces croyances est essentiel en thérapie des schémas.



5️⃣ Créer des micro-rituels d’attention

Si vous laissez votre mental divaguer en mode illimité, il finit par tout envahir.


👉 Placez de petits repères :

  • 3 minutes de silence au réveil

  • 1 respiration avant de lancer un appel

  • 1 moment de gratitude le soir


Ces micro-pauses, répétées, renforcent votre capacité à rester attentif. Et donc à moins subir vos pensées.



💡 À garder en tête

🧠 Vos pensées ne sont pas la réalité. Elles sont des habitudes mentales, parfois obsolètes, souvent héritées.


👁 Vous pouvez les observer, les questionner, les ajuster.

🛠 Avec des outils simples, validés, vous pouvez vraiment apaiser la machine.



📘 Pour aller plus loin

J’ai mis d’autres exercices concrets dans Mon Guide Pratique des Émotions- Comprendre et Agir, inspiré de la psychologie moderne.

Il est disponible sur Amazon, si vous avez envie d’explorer tout ça pas à pas.


Et vous ? Quelle pensée vous tourne en boucle ces derniers temps ?

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